Fut construite au XIIè siècle. Elle est classée aux monuments historiques. Ce fut la dernière église romane construite en Brionnais. C’est un mélange de style roman clunisien et de préfiguration du style gothique.
Style de l’église
L’église Saint-Hilaire est de style roman dans son ensemble. C’est l’une des dernières grandes constructions romanes de la Bourgogne, profitant des connaissances de l’art de Cluny et du Brionnais.
Son plan traditionnel présente une nef de quatre travées à bas-côtés, un transept à peine saillant, et un chœur se composant d’une travée à bas-côtés et de trois absides. L’église fut construite utilisant un moyen appareil régulier de calcaire jaune. On peut distinguer deux campagnes de construction : la partie orientale comprenant transept et chœur fut commencée vers 1125-1130, dans un style proprement brionnais, et la grande nef de style clunisien date de la deuxième moitié du 12e siècle. Le décor sculpté emprunte le style tardif issu de Charlieu. Des chapelles furent ajoutées à l’époque gothique au sud du chœur.
Intérieur de l’église
L’étage supérieur, plus tardif, pourrait remonter à la fin du 12e siècle, comme la nef. Il présente de petites baies géminées sous de multiples archivoltes en arcs brisés retombant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés. Des colonnes engagées bordent les pans du clocher et des arcatures soulignent la corniche.
L’intérieur de l’église est monumental et décoré avec goût. La haute nef est d’une architecture recherchée et directement inspirée par Cluny III. Son élévation est à trois étages : grandes arcades brisées à double rouleau, faux-triforium avec arcatures, et fenêtres hautes illuminant directement l’espace. Les piliers cruciformes sont cantonnés de deux colonnes engagées et de pilastres cannelés du côté de la nef prolongés par des colonnettes jusqu’à la voûte.
Le triforium remarquable est plus léger que les étages intermédiaires des autres édifices clunisiens et préfigure alors l’art gothique. Il n’avait pas de fonction de circulation. Ses arcatures brisées aux doubles colonnettes à chapiteaux sont soulignées par une corniche à perles. Sur le mur ouest, le triforium culmine dans une tribune en encorbellement directement inspirée par la chapelle Saint-Michel de Cluny III. Elle possède une balustrade sur colonnettes supportée par un demi-cône renversé avec douze assises moulurées. Sa fonction liturgique est incertaine puis qu’elle n’est pas accessible.
La voûte en berceau sur doubleaux ne date que du début du 19e siècle. Il y avait à l’origine une voûte plus haute en berceau brisé, détruite par l’incendie de 1576, dont subsistent des parties dans la quatrième travée. Les bas-côtés sont voûtés d’arêtes sur doubleaux brisés retombant sur des pilastres simples avec impostes.
Le transept et le chœur forment un ensemble homogène sensiblement plus bas que la nef. La coupole-lanterne octogonale de la croisée du transept est portée sur vingt arcatures avec colonnettes à chapiteaux. Des baies apportent la lumière, sauf à l’ouest, où la baie donne sur le mur diaphragme oriental de la nef, beaucoup plus haute. Quatre arcs brisés à double rouleau retombent sur des piliers avec colonnes engagées et des pilastres cannelés. Les croisillons du transept et la travée de chœur sont voûtés en berceau brisé avec des fenêtres hautes en pénétration au deuxième niveau.
Dans le chœur, de grandes arcades brisées à double rouleau retombant sur des pilastres décorés s’ouvrent sur les bas-côtés voûtés d’arêtes. Les absidioles en cul-de-four brisé sont dépourvues de décor, tandis que l’abside centrale présente trois baies entourées de cinq arcatures avec colonnettes, pilastres et chapiteaux. Au sud du transept, une chapelle du 16e siècle, dédiée à Saint-Joseph, a été aménagée en trésor. Des statues des 16e et 17e siècles y sont exposées. Une deuxième chapelle au sud du chœur est la sacristie.
Le décor roman à l’intérieur est surtout végétal, comme à l’extérieur. Le maître-autel roman, remis en place en 1968, est décoré de pilastres cannelés et de chapiteaux à feuillages. Sur les chapiteaux de la nef et de la croisée dominent des bouquets de feuillages et des crochets végétaux d’un style agréable influencé par Charlieu. Quelques exceptions sont à noter : des chapiteaux représentant un aigle (premier pilier sud), des têtes vomissant des feuillages (troisième pilier nord), et deux personnages se tirant les cheveux (dans les parties hautes de la nef). Dans le chœur sont à voir quatre très beaux pilastres décorés portés par des culots avec des traces de peinture. Deux culots de style tardif sont sculptés de diables ou atlantes très expressifs représentant la damnation et la rédemption. Dans l’abside, enfin, il y deux pilastres cannelés et deux pilastres décorés de rosaces et de rinceaux.
Le clocher
Le clocher octogonal surmontant la croisée, coiffé par une flèche très basse, est d’un fort bel effet. Il présente deux étages séparés par une corniche à denticules. Le premier étage est décoré de doubles arcatures aveugles avec colonnettes, pilastres cannelés et archivoltes à billettes.
L’extérieur
L’extérieur a reçu un décor roman soigné. Les baies des deux étages de la nef sont allégées de colonnettes à chapiteaux feuillages et d’une voussure torique. Les baies des trois pignons du transept et du chœur sont des oculi à double voussure qui s’inscrivent dans de doubles arcatures murales. L’abside centrale est décorée de deux contreforts-pilastres avec chapiteaux feuillages et d’une corniche avec arcatures. Sous les corniches de la nef et du chevet sont à découvrir des modillons sculptés de chouettes, de têtes et mains humaines ou de motifs géométriques.
De l’extérieur de l’église on remarque que la nef est beaucoup plus haute que le chœur, presque écrasant la tour de la croisée. On arrive du côté du chevet, l’un des plus réussis du roman bourguignon par ses volumes à la fois monumentaux et gracieux. Trois pignons élevés, restaurés, surmontent le chœur et les croisillons autour du clocher octogonal. La haute nef est remarquable par l’équilibre des rangées de baies et de contreforts. Sa façade ouest, peut-être inachevée, présente un avant-corps avec un portail et un oculus.
Les portails
Trois portails romans s’ouvrent dans la nef.
Le portail sud, qui en est le plus simple, a une croix potencée sur le tympan et deux colonnes avec chapiteaux feuillages.
Le portail nord a reçu un décor végétal et géométrique particulièrement beau. Ses sculptures, rappelant Charlieu ou le portail nord de Paray, pourraient remonter à la première campagne de construction de l’église (vers 1135). Les deux pilastres et les voussures sont décorés d’oves enrubannés, de rosaces enguirlandées, de billettes et de damiers. Le tympan d’influence orientale, sous une voussure en spirale, présente quatre lobes développant trois fleurons convergents en palmettes. Le linteau présente cinq rosaces enguirlandées. Quatre chapiteaux ont reçu des décors végétaux.
Le portail ouest de la façade marque l’une des dernières étapes de la sculpture romane bourguignonne. Achevé à la fin du 12e siècle, il combine le joyeux décor végétal du portail nord avec la sculpture de scènes historiées que les spécialistes appellent décadentes, grossières et caricaturales.
Sur le tympan, le Christ en Majesté est représenté dans une mandorle, bénissant et portant un livre. Il est entouré de deux anges et des symboles des quatre Évangélistes.
Le linteau original raconte l’histoire du patron de l’église, l’évêque saint Hilaire de Poitiers. Selon la légende il fut envoyé en Asie Mineure, au Concile de Séleucie de l’an 359, où les pères de l’église eurent rendez-vous pour discuter de l’hérésie arienne.
Sous le linteau, deux corbeaux sont sculptés d’atlantes. En haut du portail, un Agneau Pascal surmonte les voussures de profil brisé qui sont décorées de cannelures torsadées, d’entrelacs, de gaufrures et d’oves enrubannés. Elles prolongent les deux pilastres et quatre colonnes qui ont reçu des décors semblables et des bases décorées. Les chapiteaux sont sculptés de feuillages avec acanthes, palmettes et fruits, à l’exception de celui de la Luxure à droite, représentant une femme assise dévorée par un serpent et un homme dénudé indiquant l’impureté.